Les Femmes Savantes
Les pièces de Molière ont de la gaité, de la légèreté, de la cocasserie. Ce sont des bulles de savon, on croit les tenir, elles éclatent, il n'en reste rien si ce n'est qu'une fraicheur qui arrive. Molière n'existe que lorsqu'il est en représentation. Ses effets ne sont pas des effets littéraires, ce sont des effets de théâtre poussés jusqu'à l'exagération et c'est cette théâtralité poussée jusqu'à l'exhibition qui nous charme tous.
Les oeuvres classiques ne sont pas des objets de musée; à les laisser s'encrasser par des couches de traditions successives, elles perdent leur éclat originel. En vérité, une séance théâtrale n'a pas de fin, parce que tout ce qui s'y passe doit se prolonger dans la vie.
On peut dire qu'au XVIIième siècle Molière désorganise un peu la société avec raffinement. Aujourd'hui, les spectateurs nous pardonnent ce pastiche des Femmes Savantes ainsi que son lot d'innovations. Ces femmes sont transposées à la fin des années vingt, période où le conservatisme faisait de la résistance; où en France, l'on cherchait à oublier le désastre de la dernière guerre. Les mots d'esprit sont autant de coups d'épingle destinés à crever les baudruches des conventions.
Pierre Castello, metteur en scène.