Transport de Femmes

Pendant cinq mois de traversée maritime, six femmes végétant, enfermées et enchaînées, dans une promiscuité où vont naître et s’exacerber des rapports de force entre elles et avec l’équipage masculin du bord. Les conflits permanents qui opposent l’agressivité des unes et l’autorité des autres font place aux violences verbales et physiques. Dans de telles conditions de vie dont toute lueur d’humanité est absente, les prisonnières arriveront elles toutes indemnes au terme du voyage ?

P.S : Il est honnête d’ajouter que la vivacité des réparties et la verdeur du langage éclairent de quelques touches d’humour la noirceur ambiante !

Le mot du metteur en scène

La pièce se déroule au XIX siècle en Angleterre. Le gouvernement envoie son excédent de prisonniers peupler sa nouvelle colonie, l’Australie. Dans le port de Londres, un trois-mâts, le Sydney-Cove s’apprête à appareiller. Cent trois prisonnières enchaînées montent à son bord pour rejoindre leur cellule. L’équipage les répartit par groupe de six. Elles se voient contraintes de survivre dans de rudes conditions pour une traversée qui durera six mois.

Le texte présente une vérité sur les rapports humains, peut-être pas très éloignée de notre réalité. Une vérité faite d’émotions, amplifiées par la promiscuité dans laquelle vivent les personnages. L’espoir est le moteur qui soutient l’action dans les moments brutaux comme dans les moments tendres. C’est un drame qui parle de la solidarité, de l’espoir et du destin des femmes.

L’aspect frappant de la pièce est la force des personnages et les liens qui les unissent. Ces liens faits de haine, d’amour, de violence forment entre les prisonnières une grande solidarité, motivée surtout par le blocus qu’elles doivent former contre les hommes de l’équipage qui les maltraitent. C’est une ambiance de promiscuité, de danger constant, d’espoir mêlé de désespoir, que nous voulons offrir sur scène. Une traversée de six mois condensée en une heure et demie, pour que le public ait l’impression de vivre l’atmosphère d’une cale de bateau insalubre, minuscule et étouffante.

Ces femmes doivent subir des tortures mentales et physiques, résister sans baisser la tête, mais le sentiment qui peut leur permettre de survivre, c’est l’espoir.

Thierry Bellière, metteur en scène